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Mythologie Akan

Un mythe Agni du Royaume Sanwi : les frères ennemis


« L’Afrique a ses mystères, et même un Homme sage ne peut pas les comprendre. Un Homme sage les respecte ». Miriam Makeba




Bia, Tanoé et Eholié sont trois frères et également trois divinités aquatiques. Les deux premiers frères portent le nom de fleuves situés entre le Ghana et la Côte d’Ivoire ; Eholié, lui porte le nom d’une rivière.


(Personnification de Bia, Tanoé et Eholié)



Pendant leur enfance, les trois frères avaient chacun une façon assez particulière et différente d’affectionner leur vieille mère aveugle.


L’aîné Bia, plutôt timide mais obéissant, aimait tendrement sa mère. Eholié avait un amour infini envers elle. Tanoé, lui, orgueilleux, rusé et vaniteux, avait l’habitude de se quereller dans les réunions publiques, car la seule chose qui le préoccupait était le jeu. Néanmoins, lorsque la faim l’accablait, il se rappelait la vieillesse et l’infirmité de sa mère. Cette attitude causait de la peine à la déesse mère.


La mort n’épargne personne ni même les déesses. Ainsi, sentant sa fin approcher, la déesse décida de léguer son héritage à ses trois fils.

Allongée dans une case enfumée, la vieille déesse mère appela en premier Bia son fils aîné. Il entra, la porte se referma et elle lui dit :


« Mon fils que Dieu t’accorde santé, fortune et gloire à cause de ce que tu as fait pour moi dans ma vieillesse. Quitte aujourd’hui même cette contrée, et va t’installer à l’est du grand lac. Ainsi tu seras le dieu de deux peuples généreux est fort : les Brafé et les Ashanti. En cette qualité tu seras l’objet d’un culte sans fin ,et des mesures d’or pur , et des moutons blancs, et toutes les richesses des hommes viendront sur ton autel en signe de soumission et de reconnaissance . Tu seras le plus glorieux des dieux. Va mon fils que le Tout-Puissant te bénisse ».



Après avoir couvert de bénédictions son fils bien-aimé, elle convoqua Eholié.


« Eholié, la mort m’enlève. Je n’ai plus que quelques instants à vivre. Que Dieu récompense toutes les peines que tu t’es donné pour adoucir ma vieillesse. Rassemble tes effets, et va t’établir dans la forêt de Sima, non loin du domaine futur de Bia ton aîné. Puisque tu m’as aimé d’un amour infini, tu seras marqué à jamais du signe de deuil qui te rappellera ma mort. Aucune femme impure, aucun convoi funèbre ne devront traverser ton lit : Tu seras un dieu singulier, mais un dieu terrible, Et les humains se recommanderont à ta vigilance, ils t’offriront des béliers noir de leurs troupeaux, et les souverains Brafé t’éliront comme protecteur de leur royaume dans l’embarras comme dans le triomphe, tu donneras la main à Bia, ton aîné ».



La déesse épanouie, elle renvoya son fils cadet après l’avoir couvert de bénédictions et de larmes , mais elle n’appela pas Tanoé qu’elle considérait comme ingrat. Mais la porte s’ouvrit :


- « Mère, que Dieu te bénisse je reviens du débarcadère où j’attendais l’arrivée des pêcheurs.

- Qui es-tu ? Demanda la déesse.

- Je suis Bia ton fils aîné.

- Comment cela se fait-il que tu n’aies pas rejoint de ton royaume, demande la déesse angoissée.

- Je n’ai pas de royaume, mère.

- À qui ai-je donc parlé tout à l’heure ? Serait-ce au méchant Tanoé ? ».


Puis d’une voix affaiblie elle s’écria :

- « Tanoé ! Tanoé … ».


Mais il n’y eut pas de réponse, elle comprit que Tanoé avait usé de la ruse pour la duper et qu’il était déjà partie.


- « Oui, c’est bien à lui que je me suis ouverte, c’est bien à l’orgueilleux Tanoé que j’ai légué tout mon trésor ».


Et elle pleura ses dernières larmes et comme une déesse ne reprend jamais ce qu’elle donne, elle ne put que remettre la dernière part d’héritage qu’il restait, or cette part ne comprenait aucune gloire. Ainsi Bia était contraint de mener une vie d’infortune. Il partit raconter son malheur à son jeune frère Eholié, celui-ci laissa éclater sa fureur, et il lui jura de l’aider et de le protéger contre Tanoé.


Bia dû acquérir le fleuve impur rempli d’excréments humains, et qui ne reçoit pas de culte. De ce fait, l’alliance Bia entre Tanoé est éternel.


Aujourd’hui, il est autant strictement interdit de prononcer le nom de Tanoé sous peine de faire naufrage et de périr dans les eaux lorsqu’on voyage sur le Bia et l’Eholié, qu’il l’est de prononcer les noms de Bia et de Eholié lorsqu’ on traverse sur le Tanoé.



Source :

- « Les religions ancestrales des Akan de Côte d’ivoire » de Maurice M’bra Kouadio

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