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Le pouvoir surnaturel de l’or chez les Akan

Le pouvoir surnaturel de l’or chez les Akan

« Un bout de bois à beau séjourner dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman ». Proverbe Africain



Sommaire :

- Qui sont les Akan ?

- Mythe de Atabia

- Rituels d’extraction de l’or

- L’or et la religion

- L’or et la justice

- L’or et la médecine traditionnelle

- L’or un instrument de paiement

- L’or et les cérémonies




Qui sont les Akan ?

Le peuple Akan, est un peuple ouest-africain principalement installé au sud du Ghana. Historiquement, une partie des Akana émigré du Ghana vers la Côte d’Ivoire et en constitue aujourd’hui une grande population.



Ce peuple est constitué de plusieurs ethnies dont les :

- Bron, Adjoukrou , Ashanti, Baoulé, Agni, Appolo, Attié, Abbey, Abidji, Adioukrou, Alladian, Abouré, Ebrié, Avikam, Tchokossi,Akuapem, Denkyira, Fanti, Wassa etc.


Les Akan sont également établis au Togo et au Bénin. :

- Ewé, Guin, Ané, Adja, Tchokossi , Anoufo, Tchumbuli etc.




Mythe de Atabia , l’ancêtre commun des Baoulé et des Youré :


Selon la tradition orale, les anciens racontent qu’un jour un homme issu de la haute noblesse nommé Atabia partit à la chasse.

Atabia était à la recherche de gibier, il se rendit derrière le fleuve Bandama (situé en Côte-d’Ivoire). Soudain il vit deux gigantesques fromagers (arbres) déracinés probablement à cause des pluies torrentielles. Il s’approcha des deux cratères et découvrit des pépites d’or en grande quantité. Il les ramassa et les montra à Akwa Boni la Reine mère (successeuse de la reine Abla Pokou X VIIIème siècle). Suite à cette découverte le trésor royal s’accrut et la Reine mère décida d’annexer cette région au Sakassou : ce qui signifie « sur le défunt ». Le nom Sakassou fut le second nom attribué au royaume des Baoulés après la mort de la reine Pokou.

Atabia est l’ancêtre commun des Baoulé et des Youré.


A la mort d’Akwa Boni la reine mère, une guerre éclata au sein du royaume, entre les différents prétendants au trône.

Atabia, lui, préféra s’exiler plutôt que de guerroyer. Il fonda un nouveau village nommé Akakro emportant avec lui les us et coutumes du peuple des Baoulés ainsi que les techniques d’extraction de l’or, qu’il développa ensuite.


Selon l’anthropologue Maurice M’Bra Kouadio, dans les croyances Akan, l’or est un être vivant et ne se dévoile qu’aux privilégiés, comme ce fut le cas avec Atabia. Chez les Akans,cet événement est un signe de bon présage. Si l’or peut apporter bonheur et richesse, il est aussi craint car il peut apporter malheur, guerre et mort.



Rituels d’extraction de l’or


Selon l’anthropologue et universitaire Georges Niaw Goran-Bouah, l'or se trouve dans les zones montagneuses où la terre est noire ,dans les lits des rivières et parfois où l'igname pousse spontanément. « L’or aboie lorsqu’elle apparaît et le métal précieux parle comme un chien ».

La tradition Akan recommande de jeter son cache-sexe à l’endroit précis d’où sort la fumée du flanc d’une colline, car selon elle, la fumée se matérialise en se transformant en pépite d’or.


Toutefois avant d’extraire de l’or il faut effectuer certains rituels permettant d’éviter de s’attirer la malédiction de l’or.


Le premier consiste à verser soit du sang de poulet, de mouton ou de quelques gouttes de sang de celui qui a fait la découverte. Ensuite l’heureux bénéficiaire doit présenter son dû à un arbre avant d’en informer ses proches. Si ce rituel n’est pas effectué, présenter à ses proches de l’or découvert dans le sol ou dans un cours d’eau, peut malheureusement entraîner la mort de ces derniers.


Le second est réservé aux esclaves. Lors d’une cérémonie, les esclaves sont purifiés par des femmes âgées, le rituel a lieu à Sahêbo (une forêt dense et noire).

Les esclaves qui réussissent à trouver le kpole (énorme pépite) sont affranchis et deviennent très respectés dans la société. Le kpole est une bénédiction des génies/divinités. Ceux qui le trouvent sont considérés comme des personnes bénies, car ils ont la capacité de communiquer avec les génies.


Enfin les femmes mineuses d’or doivent être initiées et purifiées. Toutefois elles doivent travailler nue car selon la croyance, la chaleur du sexe d’une femme est supposée attirer l’or. Si une femme ou une personne issue de la noblesse découvre le Kpole, elle est célébrée et gagne le titre de héros.


L’or découvert dans la nature est un cadeau offert par les divinités , ainsi il ne doit pas être commercialisé. Ce métal précieux étant intimement lié à l’âme, à la destinée et à la fortune de celui qui l’a trouvé, il ne doit surtout pas être volé au risque d’attirer sur soi ou sur sa descendance une malédiction voire la mort.



L’or et la religion


Les Akan utilisent l’or dans certains cultes religieux car ils considèrent l’or comme un être vivant doté d’un esprit fort et redoutable. Ce métal précieux est un élément important dans les cultes des divinités des cours d’eaux telles que :


- Bia : divinité du fleuve Bia (Ghana/Côte d’Ivoire), fils aîné de Nyame l’entité suprême (Dieu).


- Tano : divinité de la rivière Tano (Ghana), second fils de Nyame.



Les adeptes du culte de Bia et de Tano plantent un asselé (arbre sacré) à leur domicile et à ce même endroit, ils installent leur autel. Avant de planter leur asselé ils déposent de la poudre d’or dans la terre creusée et ensuite ils enracinent leur arbre sacré.


L’or a pour objectif d’accroître la puissance spirituelle de l’arbre.

Ensuite, les initiés placent un ayawa (récipient en bronze) au pied de l’arbre et leur chef spirituel place une pépite d’or et une boule de kaolin afin de matérialiser la divinité dont le culte est installé à cet endroit.


L’or est également utilisé dans le culte des ancêtres, le principal objet de ce culte est le siège sacré : le Kpatta en langue Avikam.



Les Akan considèrent ce siège sacré comme un autel. Lors des rituels, ils font des offrandes de nourritures , de boissons et des sacrifices d’animaux aux esprits des ancêtres du clan, ainsi qu’aux génies protecteurs. Parfois le pied du tabouret possède un creux afin de permettre d’y insérer les reliques des ancêtres (cheveux, dents et autres) et une pépite d’or. Le métal précieux représente la vitalité et le feu spirituel des ancêtres.



L’or et la justice


Dans les coutumes du peuple Baoulé du centre de la Côte d’ivoire (appartenant au groupe Akan), l’or permet aussi de régler des conflits. En effet lorsque deux individus se querellent, le chef du village sort de son dja (paquet sacré renfermant les biens en or du clan) deux petits masques en or et le remet aux deux adversaires. En acceptant les masques les querelleurs sont dans l’obligation de mettre un terme aux hostilités.


S’ils refusent les masques, les adversaires sont condamnés à payer une forte amende (en or) et a également céder une partie de leurs moutons.


Le masque symbolise la paix et garantie l’harmonie aux seins des habitants.



(Musée du Quai Branly)



L’or et la médecine traditionnelle


L’Adjatenu (sable du dja mélangé à la poudre d’or) permet de concocter des médicaments afin de traiter les patients souffrant d’œdèmes, d’asthme et même ceux ayant perdu la parole.


Toutefois, lorsque la maladie est un peu plus grave, les guérisseurs effectuent un troc : or contre âme. Ils réclament 5 grammes de quantité d’or, l’objet précieux est offert aux esprits justiciers du monde de la nuit afin qu’ils ramènent l’âme du malade retenue prisonnière par les sorciers mangeurs d’âmes.



L’or un instrument de paiement


Auparavant la poudre d’or servait de moyen de paiement dans la région du Golfe de Guinée, puis quelques années plus tard les cauris ont été utilisés comme monnaie mais ce système a disparu suite à la colonisation.


La poudre d’or obtenue illégalement par un commerçant ne porte pas malheur au malfrat, car contrairement à la poudre d’or n’est pas considérée vivante au pépite d’or, et donc le malandrin ne risque pas d’être punit mystiquement.



L’or et les cérémonies


Angbandji

Angbandji est avant tout la fête de l’or. Les festivités débutent le premier Lis de Fampo (premier jour de la première semaine de le petite saison sèche et durent un mois).

Dans les traditions du peuple de Adioukrou de Côte d’Ivoire (Akan), on trouve la cérémonie Angbandji (société de riches).L’intégration des nouveaux riches à cette société est célébrée par la famille et tout le village de ces derniers.


D’abord, l’oncle maternelle du nouveau candidat organise une réunion familiale et y invite également la famille paternelle de son neveu. Puisque le système lignagère des Adioukrou est matrilinéaire,  la charge de l’organisation revient à l’oncle maternelle.

Cette réunion familiale a pour objectif de planifier les éventuelles dépenses de la cérémonie, et chaque membre familial doit donner sa part de cotisation -surtout la famille maternelle- tandis que la contribution de la famille paternelle est symbolique.


Le candidat à l’initiation de la société Angbandji doit offrir des boissons aux membres de cette société de son village.

Ensuite, lors de la deuxième semaine, le nouvel adhérent doit offrir deux moutons à sa famille maternelle et paternelle. Les membres de sa confrérie reçoivent un repas copieux et le doyen du groupe donne des offrandes de nourriture aux ancêtres de leur société, en leur demandant d’accepter leur nouveau membre et de le placer sous leur protection.


Pendant la troisième semaine, le candidat part en retraite spirituelle mais la fête continue dans son village. Les habitants continuent de manger et de boire aux frais du nouveau riche et les biens de celui-ci, ses pépites d’or, sa poudre d’or ainsi que ses bijoux en or, sont exposés publiquement.


Enfin, durant la quatrième semaine, la nourriture continue d’être distribuée dans le village. Une deuxième retraite spirituelle a lieu. Elle marque la fin de la cérémonie Angbandji.


Celui qui ne fait pas son Angbandji , ni exposé son or est méprisé par la société , privé de réunion et de prise de parole publique.



Mariage

L’or permet de sceller l’union d’un mariage.

Pendant la dot plusieurs biens en nature et en espèces, dont 50 grammes d’or, sont remis à la famille de l’épouse par le père du conjoint.


En réalité, cet or est une manière d’empêcher la mariée de quitter son foyer pour des raisons futiles. En effet, si elle part, sa famille devra d’abord rembourser la famille de son conjoint avant que celle-ci puisse quitter son domicile conjugal. Ce sont le père et l’oncle qui interviennent en cas de contentieux pour tenter de réconcilier le couple.


Ici l’or unit , scelle un mariage et peut également le dissoudre.




Conclusion


Chez les Akans, l’or est bien plus qu’une simple parure corporelle ou un instrument de paiement. Il fait partie de la vie religieuse, sociale et politique du peuple. L’or est un véritable être vivant au pouvoir surnaturel. Le métal précieux est adoré mais également craint.



Sources :

- Les religions ancestrales des Akans de Côte d’Ivoire de Maurice M’bra Kouadio

- Idéologie de l’or chez les Akans de Côte-d’Ivoire et du Ghana de Georges Niangouran-Brouah

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