Le Précurseur de la Révolution Haïtienne
« Sur les traces de nos ancêtres »
En 1789 a lieu la Révolution Française. De cet événement découle de nombreux changements dans la conception de l'organisation du pouvoir politique, de la société et des libertés individuelles, en France et également dans ses colonies.
Selon l’historien Cyril Lionel Robert James , à cette période Saint-Domingue (maintenant Haïti) est la plus grande colonie des Antilles françaises : l’île recevait quarante milles esclaves par an.
C’était une colonie prospère dont les bénéfices s’élevaient à onze millions de Livres.
Des tensions au sein des différentes classes de Saint Domingue en 1791
À Saint-Domingue éclata un conflit entre deux classes : les mulâtres et les colons blancs ; mais les blancs eux-mêmes étaient divisés entre les royalistes et les révolutionnaires.
Les mulâtres de l’île possédaient un statut inférieur. Ces derniers ont cherché à obtenir l’égalité en soulignant leur bi-racialité, cependant ils furent lynchés et massacrés par les colons blancs pour avoir osé réclamer l’égalité.
Cette atmosphère ne put que déchaîner de virulentes révoltes animées d’un sentiment d’injustice. Pour les esclaves, l’insurrection ne fut pas si simple à accomplir car les risques de représailles en cas d’échec étaient non négligeables. Et donc il fallut aux esclaves une force supérieure : le Vodoo.
La cérémonie du Bois Caïman
Pendant une nuit d’Août 1791, le chef de la révolution nommé Dutty Boukman, un esclave initié au culte Vodoo, réunit une multitude d’esclaves dans le Bois Caïman. Il effectuait des incantations , suçait le sang d’un porc égorgé et donnait des instructions au groupe d’esclaves.
Certains affirment que Dutty Boukman était un Hougan c’est-à-dire un chef spirituel du culte Vodoo, en charge d’organiser des cérémonies et qui intercédait avec le monde invisible : celui des ancêtres et des Lwa (divinités/génies).
Selon une connaissance proche initiée au Vodoo, des incantations et du sang d’animal versé au sol permettent d’invoquer un Lwa (bien que de base le Vodoo ne requiert pas de sacrifice de sang).
Selon l’historien Joseph Ki- Zerbo, à cette période les divinités les plus invoquées n’étaient pas celles de la fécondité ou de la prospérité agricole, mais plutôt celles de la lutte, de la violence, de la rupture et du refus. Ces Lwa (divinités) peuvent prendre possession du corps d’un être-humain. Telle que Shango : la divinité de la justice et du tonnerre.
(Personnification de Shango)
Ogun ou Gou : Divinité de la forge et redoutable Lwa de la guerre.
(Personnification de Ogun ou Gou)
Papa Legba ou Eshu : est celui qui ouvre les barrières, l’intermédiaire des divinités mais aussi le principe dynamique du changement et du désir inassouvi.
(Personnification de Papa Legba ou Eshu)
Le soulèvement des esclaves
Aidé par le Vodoo, le groupe d’esclaves parvinrent à assassiner leurs maîtres, violèrent les femmes (parfois sur le corps de leurs époux, pères et frères) et incendièrent les plantations.
Toutefois au fur et à mesure que la révolution s’étendait les esclaves épargnèrent plusieurs hommes, femmes et enfants s’étant cachés dans les plantations.
Par conséquent les esclaves de Saint-Domingue furent libres pendant une dizaine de jours et ces derniers ne furent plus contraints d’effectuer le travail forcé dans les plantations.
Néanmoins Dutty Boukman périt au combat, les troupes adverses exposèrent sa tête dans la ville du Cap, afin de déstabiliser les esclaves insurgés et de démontrer sa vulnérabilité.
L’insurrection totalisa environ cent-milles esclaves révoltés.
Le décès de Dutty Boukman ne mit pas fin à la révolution haïtienne. En effet les esclaves du nom de Jean François et Biassou devinrent les nouveaux chefs de la révolution , et Toussaint l’Ouverture les rejoignit un mois après.
Quelques dates clés
1791 : Décès de Dutty Boukman.
1794 : Abolition de l’esclavage sur l’île de Saint-Domingue.
Le 1er Janvier 1804 : Haïti (ancien Saint-Domingue) devint indépendant.
Conclusion :
Dutty Boukman fut le précurseur de la Révolution Haïtienne.
La cérémonie du Bois-Caïman est considérée comme « l’acte fondateur » de la révolution haïtienne, ce fut le premier soulèvement collectif de Haïti (ex Saint-Domingue) contre l’esclavage.
Sources :
- Histoire des révoltes panafricaines de C.L.R. James
- Histoire de l’Afrique noire de Joseph Ki-Zerbo
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