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Les femmes de l’ombre

Dernière mise à jour : 22 avr. 2020

Les femmes de l’ombre


“Sur les traces de nos ancêtres”

Bien plus qu’une mère nourricière, dans l’histoire du peuple noir, la femme africaine ou issue de la diaspora joua un rôle important dans la défense de leur société. Certaines luttèrent contre les traites négrières Arabo-musulmane et Transatlantique, tandis que d’autres collaborèrent.


Cet article a pour objectif de mettre en exergue ces héroïnes noires oubliées ayant marqué leur époque.



Pourquoi cette absence ?


Lors de la conférence organisée par le festival de l’afrodescendance à laquelle j’ai assisté, la journaliste et historienne Mme Sylvia Serbin expliqua que les influences externes culturelles et religieuses reléguèrent la femme à un rang inférieur, notamment dans les religions Abrahamiques (Islam et Christianisme).


De plus lors d’une expédition en Afrique de l’Ouest Mme Serbin effectua des recherches sur une héroïne africaine, toutefois celle-ci se heurta à un obstacle : trouver des informations.

Cependant elle fit la rencontre d’un gardien de la tradition orale qui lui expliqua que la religion (abrahamique) n’autorise pas à mettre la femme au premier plan. Au fil des années les femmes qui contribuèrent à la résistance africaine finirent par disparaitre de la conscience collective.

AFRIQUE DU NORD


AMANIRENAS



Kadanke Amanirenas dit “la reine borgne”, elle régna de 40 à 10 avant J.C elle fut la reine du Royaume de Koush (actuel Soudan).


Amanirenas descend également d’une longue lignée de reine guerrière.C’est l’une des plus célèbres Kandake (reine Koushite) en raison de son rôle dans la guerre opposant l’armée Koushite à l’Empire Romain. Lors d’un combat l’opposant aux forces armées de César-Auguste, celle-ci perdit un œil, cela lui vaudra son surnom de “reine borgne”.



AFRIQUE DE L’OUEST


ABLA POKOU




La princesse Pokou est née au début du XVIIIe. Celle-ci fut la reine du peuple Baoulé.


Son grand père Ossei Tutu fut le fondateur du puissant royaume Ashanti.

À cette époque ce peuple fut réputé pour être de bons cultivateurs, artisans, travailleurs d’or et de bronze, ainsi que d’excellents fabricants de meubles sculptés en bois d’ébène.


Selon Mme Serbin dans la tradition Akan la succession est matrilinéaire, donc l’héritage revient aux enfants des sœurs ou nièces du défunt.


Le successeur de Ossei Tutu fut son neveu utérin : Opokou Ware (grand-frère de Pokou), la mort de celui-ci entraîna une querelle de succession, opposant le Prince Dakon le jeune frère du défunt à un de ses oncles, le pays fut mis à feu et à sang et le prince Dakon fût assassiné. La région de Koumassi (Ghana) fut déchirée par une guerre fratricide, la princesse Pokou comprit qu’il fallut s’enfuir, elle réunit les chefs des quatre familles de nobles et des quatre familles vassales, ils acceptèrent de se soumettre sous son autorité, ils prirent la route du nord-ouest accompagné d’une multitude d’hommes, de femmes, d’enfants , de serviteurs et de soldats.


L’heure du sacrifice

Ils arrivèrent devant un fleuve(Comoë) très agité, toute traversée fut impossible. Pokou se tourna vers son devin (gardien des traditions sacrées) du nom de Nansi, celui-ci s’accroupit au sol face à un canari de terre cuite où reposèrent les esprits des ancêtres, il commença à entrer en contact avec les divinités ensuite il se tourna vers la princesse Pokou et il fit comprendre à celle-ci que la seule façon de calmer le génie du fleuve fut de lui offrir ce qu’ils ont de plus cher. C’est ainsi qu’il interpréta le message des ancêtres.


Les femmes saisirent leurs bijoux en or et ivoire , les hommes déverrouillèrent les coffres de bijoux, mais Nansi (le devin) repoussa ces offrandes et ce dernier fit comprendre aux peuples en exode que ce qu’ils ont de plus cher sont leur fils. Cependant aucune des femmes n’eut le courage de donner en sacrifice leur fils. Dans le même temps les troupes du nouveau roi de Koumassi se rapprochèrent , la princesse Pokou n’eut d’autre choix que d’offrir Kouakou son fils unique au génie du fleuve. Aussitôt les eaux s’apaisèrent et le groupe en exode put traverser le fleuve.


Certaines légendes affirment que les hippopotames du fleuve se regroupèrent pour qu’ils puissent traverser sur leur dos.

Lorsque la Princesse Pokou traversa le fleuve et qu’elle arriva sur la nouvelle terre (Côte d’ivoire) , celle-ci cria « Ba ou li » ce qui veut dire « l’enfant est mort ». Et donc Baouli deviendra Baoulé le nom de leur ethnie.



TASSIN HANGBE





Bien que la liste des rois du Dahomey ne mentionne aucune femme, cependant il eut une femme : la reine Tassin Hangbe.


Celle-ci monta sur le trône du Dahomey au début du XVIIIe, elle fut la sœur jumelle du roi Akaba.


Selon la tradition du peuple d’Abomey les jumeaux doivent être traités sur le même pied d’égalité, c’est pour cette raison qu’elle partagea le trône avec son frère jumeau.


Toutefois elle n’exerça aucune charge politique, afin d’éviter une dispersion des biens familiaux et la dissolution de l’autorité, en cas de mariage avec un prétendant étranger. Les femmes ainsi que leur descendance masculine furent exclus du pouvoir.


Cependant, contrairement aux épouses royales ou autres femmes de la société, qui en cas de faute grave pouvaient être frappées ou exécutées. Les princesses du Dahomey bénéficiaient d’une grande liberté jusqu’à s’octroyer des aventures extraconjugales , leurs maris n’avaient aucun droit à la parole, au risque de se faire répudier ou de perdre la garde de leurs enfants.

La reine Tassine Hangbe fut réputée pour cette vie de libertinage.


Un jour, la maladie emporta son frère jumeau la veille d’un combat contre les troupes Ouéménous. À la demande des chefs de l’armée dahoméennes, des ministres et des dignitaires, afin de ne pas démotiver les troupes, la reine Tassin Hangbe se vêtit des vêtements de son frère jumeau Akaba, elle prit part aux opérations militaires, tant la ressemblance avec son frère fut frappante. Les soldats ne s’aperçurent de rien. Ainsi elle mena les troupes à la victoire.


Abdication et malédiction

Un soir deux assaillants firent effraction dans le palais royal et ces derniers assassinèrent le fils unique de la reine, cela fut la goutte de trop pour celle-ci. En pleine réunion du Conseil du trône la reine Tassin Hangbe se dévêtit de ses pagnes Kita, une de ses servantes lui tendit un vase rempli d’eau, la reine s’aspergea ses parties intimes en maudissant le peuple dahoméens, elle prédit qu’un grand malheur frappera Abomey et ensuite la reine Tassin Hangbe abdiqua. Son jeune frère Agadja lui succéda.


Les anciens affirment que le malheur qu’avait prédit Tassin Hangbe lors de son abdication fut la conquête du Dahomey par les Européens. En effet le Dahomey fut annexé en 1892 par les troupes françaises commanditées par le colonel franco-sénégalais Alfred Dodds.


La résistance des femmes de Nder




Les femmes du Nder luttèrent contre les esclavagistes arabo-musulmans ,ces derniers pourchassaient les populations du Sénégal.


Nder fut la capitale du Royaume du Walo.


Un mardi en 1819, alors que les hommes furent hors du village, les Maures et leurs alliés Toucouleurs s’apprêtèrent à faire une razzia négrière , Amar Ould Mokhtar fut à la tête de ce convoi.


Les trois-cent femmes du village enfilèrent des vêtements d’hommes, elles dissimulèrent leurs cheveux sous des bonnets et elles réussirent à faire un grand nombre de blessés dans le camp adverse.Elles luttèrent bec et ongle afin d’éviter d’être vendues en esclavage sur les marchés d’Afrique du Nord. Ces dernières réussirent à repousser l’ennemi, mais juste pour peu de temps, car durant l’assaut l’une d’entre elle fit tomber son bonnet et ses cheveux apparurent, les assaillants comprirent aussitôt la supercherie, ils revinrent à la charge.


Sachant d’avance que le combat était perdu, ces dernières n’auraient pas pu supporter une deuxième attaque , elles décidèrent de commettre un suicide collectif, plutôt que d’être réduite en esclavage. Alors elles se rendirent dans la plus grande case du village, Mbarka Dia (la confidente de la reine) ferma la porte , enflamma une torche et l’a lança contre l’une des façades des branchages. Les femmes s’enlacèrent les unes contre les autres. Ces dernières entonnèrent des chants pour se donner du courage.

Toutefois à l’intérieur de la case, il y avait une femme enceinte presque à terme de sa grossesse , celle-ci se leva, poussa la porte, elle réussit à s’échapper des flammes, cependant les autres à l’intérieur ne bougèrent pas.


Quelque temps plus tard les hommes arrivèrent au village , mais il était trop tard, toutes les femmes du village de Nder avaient péri, sauf une seule (la femme enceinte).



Les Minos (Amazones du Dahomey)




Les Minos en langue Fon signifie « nos mères », fut le nom donné aux guerrières du Royaume du Dahomey.


La plupart furent des captives de guerre destinées à être vendu en esclavage. Selon Mme Serbin le Royaume du Dahomey procurait des esclaves au commerce de la Traite Translatique. Toutefois les plus vigoureuses entrèrent au sein de l’armée.


XVIIe : Fondation du Royaume Dahomey


XVIIIe : le roi Agadja manquant d’effectif, celui-ci décida d’accroître son armée, en recrutant des femmes afin de mener des guerres de conquête. C’est ainsi qu’est né le corps des Minos (Amazones).



Les Minos firent partie de la garde personnelle du roi, ces dernières représentaient environ 25 à 30% des effectifs de l’armée (entre trois à quatre milles guerrières). Elles furent conditionnées à tuer sans pitié ainsi qu’à défendre le royaume au prix de leur vie.

Ces dernières furent recrutées dès l’âge de seize ans, lorsque le roi Ghézo fût au pouvoir, les Minos devaient faire vœu de chasteté, seul le roi pouvait choisir des épouses parmi elles, toutefois sous le règne de Gléglé (fils de Ghézo) , les Amazones eurent la possibilité de se marier et d’avoir des enfants.


Organisation :


Premier régiment :

- Les Aligossi : protectrice du palais royal (groupe défensif)


- Les Djadokpo : en charge de la sécurité intérieure formant l’avant-garde de l’armée (corps offensif)


Second régiment :

-Les Gbeto : chasseresses (environ quatre-cent femmes)

Troisième régiment :

- Les Nyekplohento : les faucheuses celles-ci étaient redoutables avec leurs rasoirs mesurant 50 cm d’envergure


Quatrième régiment :

-Les Agbalya : les artilleuses


Cinquième régiment :

-Les Gohento : les archères


« Refusant d’être commandées par des hommes, elles avaient leurs propres officiers et gradés autonomes : les générales et les chefs de régiment se recrutaient parmi les femmes les plus mûres et les plus expérimentés dans l’art de la guerre. »

À une période, le recrutement des Minos (Amazones) ne fut plus réservé aux captives de guerres mais également aux natives du royaume, ces dernières choisirent de leur plein gré de s’enrôler dans l’armée afin de défendre leur nation.


La décimation des Minos (Amazones) :

Le Royaume du Dahomey fut victime des guerres coloniales françaises, une troupe de tirailleurs africains incorporés à l’armée française lors de la colonisation du Sénégal fut expédiée au royaume du Dahomey, afin de dissoudre la résistance dahoméennes, car les Minos furent de redoutables guerrières.

Le 3 novembre 1892, sous le règne du roi Behanzin, les Minos livrèrent un combat sanglant contre les troupes françaises du colonel Dodds, un metis franco-sénegalais, c’est ainsi que les Minos(Amazones) du Dahomey furent décimées.


Suite à cet échec militaire le Dahomey deviendra une une possession française.

En 1894 une seconde humiliation allait leur être infligée, celle d’être exposée dans des zoos humains en France au Jardin d’acclimatation à Paris, afin de démontrer une supposée infériorité raciale du peuple noir.



Les Amazones du PAIGC



Amilcar Cabral est le père de l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap-Vert.

Il fut le fondateur du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, PAIGC (Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde), qui amena à l'indépendance ces deux pays colonisés par le Portugal.


Des femmes rejoignirent le mouvement pour la lutte d’indépendance, afin de mettre fin aux cinq-cent ans de colonisation portugaise en Guinée Bissau et au Cap-vert.



AFRIQUE CENTRALE


Ngola Mbandi Nzinga Bandi Kia Ngola




La reine Ngola Mbandi Nzinga Bandi Kia Ngola ce qui signifie « la reine dont la flèche trouve toujours le but ». Elle fut la reine du Ndongo et du Matamba (actuel Angola).


Elle fut prénommée Nzinga ou Njinga parce qu'elle est née avec le cordon ombilical autour du cou « kujinga » signifiant « tordre » ou « enrouler » en kimbundu la langue de son peuple (Mbundu).


Le royaume du Ndongo déchiré par les guerres de conquêtes fut un ancien vassal du royaume Kongo affranchit au milieu du XVIe.

Mani Ngola (le frère de Nzinga) envoya sa jeune sœur dans la région de Luanda afin de négocier des pourparlers avec l’occupant Portugais, car elle fut réputée pour sa diplomatie. C’est ainsi que la princesse Nzinga, ses courtisans et ses serviteurs se rendirent à Luanda.

Toutefois dans la pièce où devait se dérouler les négociations, il eut uniquement un fauteuil de velours destiné à Don Joao Correia vice roi et en face deux coussins à même le sol, pour la princesse Nzinga, immédiatement la princesse ordonna à sa servante de s’accroupir au sol afin qu’elle puisse s’asseoir sur son dos. L’objectif fut de montrer à son interlocuteur (le vice roi du Portugal), qu’elle n’était pas là pour faire acte de soumission mais d’échanger d’égal à égal.


1622 : La princesse Nzinga se baptisa à la religion catholique, elle reçu comme nom de baptême Dona Anna Nzinga.


1624 : Ascension au trône à la mort de son frère Mani Ngola.


Suite à sa conversion au christianisme les Portugais y virent un moyen de la manipuler. En effet le successeur du vice roi du Portugal lui demanda de se soumettre à la couronne portugaise en tant que chrétienne, mais celle-ci refusa car son principal objectif fut de protéger son peuple.


1631 : Acquisition du territoire du Matamba par la Reine Nzinga, elle en fit une terre d’asile.


1641 : la flotte hollandaise de l’amiral Van Der Karkoven lance une attaque sur Luanda,(la région fut sous domination portugaise).


La Ngola (reine) Nzinga y vit une opportunité, celle-ci fit alliance avec les hollandais afin de faire front commun contre les portugais. Ainsi pendant les sept années de présence hollandaises, les paysans reprirent possession de leurs terres, la paix régna dans la région.


Ainsi Ngola Nzinga vécu jusqu’à l’âge de quatre-vingt deux ans, elle mena une résistance de quarante ans contre les portugais, néanmoins le Royaume du Ndongo fut le territoire le plus ponctionné par la Traite Négrière Transatlantique.



KIMPA VITA






Kimpa Vita, Dona Béatrice(nom de baptême).


Au XVème siècle l’arrivée des missionnaires européens introduit un tournant décisif pour le royaume Kongo Dia Ntotila , ainsi ces derniers menèrent des campagnes d’évangélisation dans la région, en commençant par les rois et les citoyens.


En 1491 la famille royale du royaume Kongo se convertit au christianisme, les aristocrates en firent autant. De plus le roi Afonso 1er fit du catholicisme la religion d’état, il débaptisa la capitale Mbanza Kongo et la renomma San Salvador en hommage au roi du Portugal.

Le roi Afonso 1er ouvrit les frontières du royaume aux missionnaires et commerçants portugais, par conséquent les Franciscains, Jésuites, Capucins, Dominicains,Augustins, Calvinistes etc arrivèrent massivement au royaume Kongo, de ce fait la culture portugaise influença fortement le système religieux, éducatif, politique et administratif du royaume Kongo.


Toutefois les portugais firent du royaume Kongo un réservoir d’esclaves pour la Traite négrière Transatlantique, au grand étonnement du roi. Celui-ci tenta de s’y opposer, ce qui lui vaudra une tentative d’assassinat en pleine messe de Pâques en 1540.


Après la mort d’Afonso 1er (en 1543) le royaume Kongo fut davantage déchiré par les luttes de clans, les prétendants au trône et le commerce d’esclave.


En 1704 des écho circulèrent dans la région concernant une jeune fille hors norme, issue d’une famille aristocratique . Celle-ci fut originaire de l’ethnie Mukongo et se nomma Kimpa Vita, âgée de vingt-deux ans. Selon cette dernière Saint Antoine lui aurait transmit un message, ayant pour objectif de rassembler son peuple et de mettre fin au chaos touchant le royaume afin qu’il puisse retrouver sa pleine puissance.

Elle utilisa l’arme de ses ennemis portugais : la religion, pour réveiller le peuple. En effet selon Mme Sylvia Serbin, Kimpa Vita poussa ses compatriotes à s’insurger contre les missionnaires européens.


Kimpa Vita accompagnée de ses disciples parcoururent les villages en affirmant aux habitants que «la vraie terre sainte est Kongo », «  les fondateurs de la religion catholique sont noirs », « que les Blancs sont contre la puissance de leur royaume » etc …

En moins de deux ans la prophétesse Kimpa Vita fonda une nouvelle église africanisée syncrétique où se mêlèrent les influences du Bukongo la religion/spiritualité du peuple Kongo et le Catholicisme. La prophétesse eut pour objectif de faire renaître les pratiques traditionnelles des Bakongo, que les missionnaires eurent tant de mal à supprimer.


Face à la puissance du mouvement, les missionnaires décidèrent de traquer, Kimpa Vita, afin de la juger pour hérésie.Ses compagnons d’armes furent arrêtés et Kimpa Vita fut retrouvée allaitant son bébé. Une aubaine pour ses détracteurs, qui en profitèrent pour briser le mythe de la « Sainte Vierge ».

Jugée comme hérétique et ennemie du roi, Kimpa Vita et le père de son enfant furent envoyés sur le bûcher le 4 juillet 1706 par les capucins.


Quant à son enfant il fut sauvé de justesse par le père Laurent de Lucques.



AFRIQUE DE L’EST


Taytu Betul




Taytu Betul fut l’avant-dernière impératrice d’Ethiopie , issue d’une famille aristocrate. Elle fut réputée pour son intelligence, et sa résistance faces aux visées impérialistes étrangères.


En 1889, son cinquième et dernier époux, Ménélik II, Roi du Shewa, accéda au pouvoir et devint empereur.


Elle s’impliqua dans la vie politique éthiopienne. C’est ainsi qu’en 1889 l’Ethiopie et l’Italie signèrent le traité de Wuchale , supposé garantir la paix entre les deux pays, tout en plaçant l’Éthiopie sous souveraineté italienne.


Toutefois en 1896 éclata la bataille d'Adoua, opposant les forces de l'Empire éthiopien du negus negest Menelik II à celle de l’Italie dirigée par le colonel Baratieri. L´affrontement fut remportée par les Éthiopiens.


Ces opérations militaires nécessitèrent près de 100 000 soldats lancés pour repousser l’envahisseur italien. Taytu Betul se révéla être une redoutable chef de guerre. Celle-ci conçut le plan qui offrit la victoire à l’armée éthiopienne. L’impératrice assura également le ravitaillement et remonta le moral des troupes.

Vainqueur et fier, le pays s’attira l’admiration des anti-impérialistes partout dans le monde.


Impérialisme : Domination culturelle, économique, militaire, etc., d'un État ou d'un groupe d'États sur un autre État ou groupe d'États. (Larousse)



AFRIQUE AUSTRALE


NANDI



Nandi fut la mère du légendaire Shaka, roi des Zulu.


Elle fut réputée pour sa grande estime d’elle, sa beauté, son excellent talent de danseuse et ses formes généreuses, d’ailleurs c’est ce qui séduit le prince Senzangakona.


Nandi et le prince entretinrent une relation hors mariage et cette union interdite (ils ne furent pas encore mariés) engendra Shaka Zulu. Cependant selon la tradition de leur peuple respectif une fille enceinte avant le mariage risque la peine de mort. Pour cacher la grossesse de Nandi, Senzangakona précipita les préparatifs de mariage, Nandi devint sa troisième épouse.

Toutefois son bonheur fut de courte durée, le prince déshérita Shaka Zulu au profit de l’enfant d’une co-épouse, cependant Shaka fut son premier fils et le prince répudia Nandi, de peur que leur secret éclate au grand jour. Nandi retourna dans son ancien village, celle-ci fut méprisée et son enfant fut considéré « d’enfant bâtard ».


Quelques années plus tard, à la mort de Senzangakona , Shaka Zulu constitua une armée , celui-ci lança un raid contre le village de son père pour récupérer l’héritage qui lui était dû , il massacra ses demi-frères et ainsi il monta sur le trône devint le chef du clan.


On retiendra de Nandi une femme confiante et brave .



Ranavalona III, la dernière reine de Madagascar.


La reine Ranavalona III fut la dernière reine de Madagascar.


En arrivant sur le trône Ranavalona III ne fut pratiquement plus maîtresse de son pays, tout d’abord son mari Rainilaiarivony l’empêcha de s’immiscer dans la vie politique du pays, étant donné qu’il fut premier ministre, celui-ci eu peur que sa jeune épouse lui fasse de l’ombre. En 1885 la france s’octroya un droit de protectorat sur Madagascar et devint la tutrice pour ses relations externes, tout en tolérant la souveraineté de la reine concernant la politique interne.


En 1890 la reine et son époux (le premier ministre) s’opposèrent au protectorat imposé par la France, alors le gouvernement français décida de s’emparer de Madagascar, en envoyant un corps expéditionnaire de vingt-milles soldats.


1986 : la reine fut déchue et son Premier ministre (époux) fut destitué.


La reine et son mari Rainilaiarivony, Premier Ministre, furent exilé à Alger par la puissance coloniale française, après un séjour prolongé à l'île de la réunion (Mars 1897 - Novembre 1898).


Elle décéda d’une embolie le 23 mai 1917 à Alger, à l’âge de 56 ans. Elle fut inhumée au cimetière Saint-Eugène à Alger. Ce n’est que le 23 septembre 1938 que ses cendres furent exhumées pour être rapatriées à Madagascar, sur décision du Ministre des Colonies, Georges Mandel.


Elle repose désormais dans le tombeau des reines, dans l’enceinte du « Rova », le palais royal, à Antananarivo, aux côtés des reines l’ayant précédée : Ranavalona Ière, Rasoherina et Ranavalona II.


DIASPORA NOIRE :


Et même en dehors du continent africain les femmes noires ont su faire preuve de résistance et de résilience.



La Mulâtresse Solitude


La Mulâtresse Solitude est née vers 1772 en Guadeloupe et morte en 1802, celle-ci fut une figure historique de la résistance des esclaves noirs de la Guadeloupe.


En 1802, huit ans après la première abolition de l’esclavage, Napoléon Bonaparte envoya le général Antoine Richepance en Guadeloupe. Dès lors, une rébellion orchestrée par le chef de bataillon Joseph Ignace et les capitaines Palerme et Massoteau s’organisa.

La Mulâtresse Solitude, enceinte de quelques mois, rejoint ce combat contre les troupes de Richepance.

Après 18 jours de combat , l’armée du général Richepance remporta la victoire. L’un des compagnons de lutte de la Mulâtresse solitude (Ignace) se donna la mort pour éviter d’être capturé, tandis qu’un autre répondant au nom de Delgrès et ses troupes firent exploser la maison Danglemont du Matouba, dans laquelle ces derniers furent retranchés.


Solitude fut prisonnière vers le 23 mai 1802, lors de la prise du camp de Palerme à Dolé.

La Mulâtresse Solitude fut condamnée à mort et pendu le 29 novembre le lendemain de son accouchement.



NANNY


Nanny est une héroïne nationale jamaïcaine , elle est l’une des plus grandes figures emblématiques de la résistance des marrons jamaïcains au XVIII siècle.


Originaire d’Afrique de l’Ouest et issue du peuple Akan, elle fut déportée dans les Caraïbes.


Celle-ci fut à la tête des Marrons (le marronnage est le nom donné à la fuite d'un esclave hors de la propriété de son maître).

Pendant trente ans, celle-ci donna du fil à retordre aux soldats anglais, cependant Nanny fut trahit et assassinée par le Capitaine Sambo (un esclave), à l’occasion d’une énième chasse aux fugitifs.


Un billet de banque est à son effigie. Elle est devenue l’un des symboles les de la résistance acharnée et des captifs africains au système esclavagiste.


Harriet Tubman



Harriet Tubman (1820-1913) est née esclave dans le Maryland sous le nom de Araminta Ross, surnommée la ‘Moïse noire’,celle-ci fut parmi les grands noms de l'Underground Railroad. Ce réseau de maisons, tunnels et routes élaboré par les abolitionnistes facilita l'accès des esclaves à la liberté.


En 1850, alors que le Congrès rendit illégale l'assistance aux esclaves fugitifs par le Fugitive Slave Act(le nom donné à deux textes de loi du Congrès des États-Unis, statuant sur les modalités de capture des esclaves évadés et de leur retour à leur propriétaire), Tubman rejoignit les membres de l'Underground Railroad.


En 1851, elle parvint lors de sa première expédition à sauver sa soeur et son enfant. Six ans plus tard, elle réussit à conduire ses parents vers la liberté pour Auburn, dans l'état de New York où elle fut installée.


De 1851 au début de la guerre civile, Tubman mena dix-huit expéditions vers le Sud et aida près de trois-cent esclaves. Elle ne fut jamais prise ni ne perdit aucun esclave. Sa réputation s'étendit rapidement sous le nom de "Moïse".


Elle mourut le 10 mars 1913 à près de 93 ans, dans la maison pour nécessiteux noirs qu'elle fonda à Auburn.



Conclusion :

Il est important de ne pas oublier ces femmes afin que leur combat n’ait pas été en vain


Sources :

- Reines d´Afrique et héroïnes de la diaspora noire de Sylvia Serbin

- Conférence organisee par le festival de l’afrodescendance

- France tv info : Nanny, reine des Marrons de Jamaïque

- UNESCO : The rise Of an Itege : Taytu Beytul

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