"sur les traces de nos ancêtres"
« L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera, au nord et au sud du Sahara, une histoire de gloire et de dignité. » Patrice Emery Lumumba
Les Dogons et leurs connaissances astronomiques
Qui sont les Dogons :
En 652 l’émir Abdallah Ben Saïd, originaire d’Arabie imposait au roi nubien, Khalidurat, un traité du nom de Bakht. La Nubie étant l’actuel Soudan. Selon le chercheur, anthropologue, économiste et écrivain francosénégalais Tidiane Ndiaye, le roi nubien devait obligatoirement fournir chaque année trois cent soixante esclaves à l’émir d’Arabie.
Le Soudan fut le premier réservoir d’esclaves. Les négriers arabomusulmans aidés par d’autres Etats razziaient les peuples noirs, les réduisant en esclavage les massacrant en cas d’opposition. Les razzias ont eu lieu durant plus de 13 siècles sans interruption.
Fuyant toute cette violence, certains peuples se sont réfugiés dans des endroits peu accessibles aux négriers. C’est notamment le cas des Dogons qui ont trouvé refuge dans les falaises de Bandiagara situées dans l’actuel Mali, les Dogons sont un peuple originaire d’Afrique de l’Ouest.
Ces falaises constituent un vaste paysage culturel couvrant 400 hectares et comprenant 289 villages repartis en trois régions naturelles :
-Plateaux gréseux
-Falaise
-Plaine
Ce milieu hostile a permis aux Dogons de se protéger, d’échapper à la traite négrière transsaharienne et également de protéger leur patrimoine culturel.
Les Dogons sont un peuple traditionaliste.
(Unesco : Falaises de Bandiagara)
Des connaissances astronomiques :
La particularité des Dogons est qu’ils ont des connaissances astronomiques très avancées. Bien que ne possédant pas de télescopes, ils observent Sirius B à l’œil nu, cette étoile se trouvant à environ huit années-lumière de le planète Terre.
Leur interprétation de Sirius est intimement liée à leur cosmogonie.
En effet, selon Cheikh Anta Diop, tous les 60 ans les Dogons célèbrent une fête religieuse qu’ils appellent Sigui. Cette fête représente le renouvellement du monde, au cours duquel Dieu, qu’ils nomment dans leur langue Amma et son fils Nommo apparaissent. La fête de Sigui a lieu lorsque les périodes orbitales des planètes Jupiter et Saturne sont synchronisées.
Pour les Dogons, l’étoile Sirius A n’est pas la base de leur système. Ils savent que l’étoile Sirius A est accompagnée d’une minuscule étoile (SiriusB) du nom de Potolo (ou Digitaria) qui est également le nom d’une céréale africaine. En astronomie moderne elle est appelée « naine blanche », elle est aussi une étoile double.
Cette minuscule étoile est le véritable centre du système Dogon, celle-ci est le compagnon invisible de Sirius A.
Résumons :
Les Dogons connaissent les étoiles Sirius A (Sigui Tolo) et Sirius B (Potolo) mais ont également connaissance de la trajectoire de ces étoiles.
Ils connaissent aussi une troisième étoile, qu’ils ont nommé Emma ya (Sirius C). Ils savent que la planète Saturne a des anneaux et ils ont connaissance des quatre plus grandes lunes de la planète Jupiter. Ils savent que les étoiles ont des trajectoires, des dimensions et des poids.
Ils ont connaissance du lever héliaque de Sirius B, qui était utilisé dans le calendrier Egyptien. Ils ont acquis des connaissances leur permettant de déterminer la trajectoire elliptique de Digitaria (ou Potolo).
Lorsque celle-ci est proche de Sirius elle est beaucoup plus brillante, mais lorsqu’elle s'éloigne de Sirius elle forme un scintillement de plusieurs étoiles. Ils possèdent un calendrier lunaire, solaire et sidéral tout comme les égyptiens de l’antiquité.
(Cheikh Anta Diop : "Civilisation ou Barbarie")
C’est l’ethnologue français Marcel Griaule, qui lors d’une expédition au pays Dogon en 1930 a révélé au monde ces connaissances astronomiques.
L’origine de leur savoir :
Concernant l’origine de ce savoir, peu de réponses ont été apportées mais de nombreuses hypothèses ont été soulevées. D’abord, selon Cheick Anta Diop, plusieurs similitudes existent entre la cosmogonie Égyptienne et Dogon.
Chez les Dogons, le renard pâle a introduit le désordre (le mal) dans le monde tandis que chez les anciens Egyptiens c’était le dieu Seth, dieu à forme animale, qui était à l’origine de ce désordre.
L’on peut donc supposer que les Dogons ont fait partie des civilisations qui peuplaient la vallée du Nil et que c’est ainsi qu’ils auraient acquis ces connaissances, les Égyptiens étant les premiers à avoir étudié Sirius dans l’Antiquité.
Lorsque la question leur a été posée, les Dogons expliquaient que selon leur mythologie, l’origine de leur savoir viendrait de la transmission par les génies des eaux (des êtres amphibiens, mi-homme, mi-poisson) du nom de Nommo. Ils ont le devoir de transmettre à leur tour ce savoir aux générations suivantes.
Organisation sociale et clanique :
Du fait de leur situation géographique reculée, peu d’informations ont été recueillies quant à l’organisation sociale des Dogons.
Chez les Dogons, chaque soixante ans un nouveau prêtre est désigné, celui-ci se nomme Hogon. Il est sélectionné en fonction de son âge, c’est l’homme le plus âgé du village qui obtient ce titre. Il est le chef spirituel et coutumier du village, être Hogon n’est pas une chose facile car une fois élu, celui-ci doit vivre seul, isolé dans une grotte.
Les villageois se rendent dans sa grotte pour le consulter, car il maîtrise l’art de la divination.
(Un Hogon)
Ensuite, chaque clan Dogon est organisé et spécialisé dans un domaine selon les astres du ciel.
Par exemple :
• Les Ono spécialisés sur l’étude de la planète Vénus
• Les Dommo étudient la Boucle d’Orion
• Les Arou étudient La lune
• Les Dyon sont spécialisés sur le soleil.
Des atteintes à la culture Dogon :
Selon un article publié sur le site de l’Unesco, l’intrusion des nouvelles religions sur le continent Africain telles que l’Islam et le Christianisme fragilisent le patrimoine culturel des Dogons. En effet, leur système de pensée est lié à leur religion traditionnelle et donc en se convertissant à ces nouvelles religions, ils abandonnent certains de leurs rites ancestraux.
De plus, d’autres facteurs extérieurs provoquent une disparition lente de cette culture. La sècheresse provoquant l’exode rural forçant les peuples à se déplacer et le tourisme culturel.
Conclusion :
Le peuple Dogon est un peuple savant, en avance sur la science moderne et ce, sans même bénéficier des instruments technologiques ou scientifiques que les sociétés Occidentales possèdent.
Ce peuple reclus dans les falaises maliennes impressionne les scientifiques occidentaux qui attribuent l’origine de ce savoir aux expéditions menées en terre Dogon par des occidentaux voire pour certains auteurs et scientifiques l’origine serait due à « l’intermédiaire de civilisation extraterrestre ».
Pour aller plus loin :
Quelques reportages réalisés sur les connaissances astronomiques des Dogons :
https://www.youtube.com/watch?v=S3ztUW9q6rM
https://www.youtube.com/watch?v=8e4YY4LNO34&t=292s
Sources :
• Tidiane Ndiaye “Le génocide voilé”
• Unesco “ Falaises de Bandiagara”
• Cheikh Anta Diop “ Civilisation ou barbarie”
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