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Le Bwiti, une religion africaine

Dernière mise à jour : 18 mars 2020

" Sur les traces de nos ancêtres"


Les gens puissants ne peuvent pas se permettre d’éduquer les gens qu’ils oppriment, car une fois que vous êtes vraiment éduqué, vous ne demanderez pas le pouvoir. Vous allez le prendre. “ John Henrik Clarke


Quand on évoque la “religion africaine”, la première idée qui vient à l’esprit est le Vodoo, mais en réalité il en existe une multiplicité. Quand en est-il de celles-ci ? Par exemple il y a l’Ifa la religion du peuple Yoruba, l’A fat roog la religion des Sérères etc...

Le but de cet article est de mettre en évidence l’une des nombreuses religions africaines, qui demeure pratiquées, bien qu’une grande partie de l’Afrique soit devenue musulmane et chrétienne : le Bwiti.


J’ai fait le choix de rédiger un article sur le Bwiti car un jour je suis tombée sur un documentaire parlant du Bwiti, ainsi j’ai décidé de partager cette découverte avec vous.


Qu’est-ce que le Bwiti ?

Le Bwiti est un rituel initiatique pratiqué au Gabon. Le terme « Bwiti » vient de « Bwete » qui signifie en langue Tsogho “découvrir ce qui est caché”. Etant donné qu’il y a une diversité d’ethnies au Gabon, il existe plusieurs branches de Bwiti mais elles gardent les mêmes fondements.


L’initiation a pour but de permettre à la personne de se découvrir elle-même notamment en créant en elle un éveil spirituel.

En effet, le Bwiti, permet aux initiés de découvrir Dieu et autres divinités telles que les ancêtres et les génies de la nature cachés dans le monde invisible, d’où le terme Bwete. Selon Landri Ekomie Obame un chercheur en sciences humaines et sociales, la religion s’appuie sur les forces de la nature, les adeptes de la traditions Bwitiste ont un profond respect pour celle-ci.


Le rite est ouvert à tout le monde, homme et femme peuvent se faire initier quel que soit la tranche d’âge. Lors de l’initiation hommes et femmes sont séparés, ils réalisent le rite chacun de leur côté, de manière homogène. 


Néanmoins, certaines personnes peuvent se voir refuser l’initiation, tels que les personnes ayant commis un crime odieux.



La procédure et déroulement de la cérémonie

Les 5 principales étapes de l’initiation :

1. L’appel à l’initiation

2. Le choix de la communauté initiatique

3. L’achat de matériels et offrandes

4. La purification du corps

5. La manducation du bois sacré


L’appel à l’initiation

“Il s’agit ici des raisons qui poussent un individu à entreprendre une initiation au Bwiti”.

Le choix de l’initiation peut venir du candidat lui-même lorsqu’il en ressent le besoin ou des esprits. Ceux-ci vont passer par des intermédiaires pour transmettre un message au candidat, si fortuitement celui-ci refuse de répondre à l’appel des esprits, en refusant de se faire initier, ce dernier risque d’être frappé par des malheurs.


Le choix de la communauté

Chaque communauté Bwitiste est dirigée par un ou une guide spirituel(le) du nom de “Nima”. Le/la “Nima” est en quelque sorte le/la responsable du temple. Son rôle est d’entretenir la cohésion sociale au sein des membres de la communauté Bwitiste. Le/la “Nima” est chargé(e) de désigner un parrain ou une marraine afin qu’il/elle guide le nouvel adepte lors de son initiation.

Le « Nganga » (tradipraticien) est celui qui est en charge de l’initiation.


L’achat de matériels et offrandes

L’initiation requiert un coût financier, car il faut payer la rançon(dette) ainsi que ses fournitures qui sont :

· Deux paquets de bougies blanches

· Deux lampes

· Deux paires de babouches

· Deux boites de lait etc …


Ces matériels doivent être achetés en paire, car une partie revient à l’initié et l’autre partie est destinée de manière symbolique à son binôme (jumeau) resté dans le monde invisible.


La purification du corps

Avant l’étape de l’initiation, l’initié doit faire un lavage d’estomac avant de consommer la plante sacrée (Iboga). Après le nettoyage d’estomac la seconde étape est la purification physique. L’initié prend un bain rituel accompagné de chants, le maître initiateur prépare deux bassines d’eau, souvent celui-ci y ajoute des plantes, du talc etc.. Les bains rituels se déroulent souvent dans la cour du village à proximité du temple. Selon la nature de son problème l’initié est emmené vers une rivière pour prendre le bain. L’eau de la rivière est supposée emporter toutes les malchances de l’initié.


La manducation du bois sacré

Le rituel se déroule dans la forêt et est constitué de trois étapes, le Badzi (nouvel initié).

  •  Tout d’abord, la mort (symbolique) de l’initié : le corps s’affaiblit pour permettre à l’esprit de quitter le corps. L’initié est allongé au sol sur une natte.

  •  Puis en second lieu, le voyage : l’esprit de l’initié voyage vers le monde divin, il entre en transe.

  • Enfin, la renaissance : l’initié renaît avec un nouveau nom que les esprits lui ont attribué.

Documentaire sur l’initiation au Bwiti : https://www.youtube.com/watch?v=3slbRenFPB8








L’iboga



L’iboga est une plante thérapeutique, connue sous le nom scientifique de “Tabernanthe Iboga”, elle fait partie de la famille des opiacées. Elle mesure entre 1 et 2m de haut.

Les initiés consomment les râpures de la racine d’une plante qu’on appelle Iboga. Au moment de l'initiation et par la suite le Nganga prescrit une plante d’Iboga pour que celui-ci continue d’en consommer.


L’iboga est la plante la plus utilisée lors des initiations au Gabon. Elle a été classée “patrimoine national et produit stratégique” en 2002 par le défunt président Omar Bongo.


Elle se trouve dans le sous-bois de la forêt vierge gabonaise, dans celles de la Guinée Equatoriale, du Congo et du Cameroun.

La plante a été découverte par les pygmées. Ils ont constaté que la plante était comestible en observant les animaux (phacochères, gorilles, chimpanzés et porcs épiques). En la consommant, les animaux devenaient agités.

A la suite de cette découverte, les hommes ont aussi adopté la consommation.

Ceux sont donc les pygmées qui ont été les précurseurs de la consommation, ensuite les hommes de l’ethnie Apindji l’ont adopté et propagé au reste du Gabon le long de l’Ogouée, le principal fleuve du Gabon. Ensuite ce fut au tour des autres ethnies de s’approprier cette plante vertueuse tels que les Simba, les Mitsogho, les Masongo, les Vili, Okandé, Puvi, Omyéné,Punu, Okandé et des Fang.


La plante est considérée comme l’intermédiaire entre le monde visible et invisible.

En effet, c’est grâce à elle que les initiés peuvent voyager spirituellement vers le monde divin afin de voir et communiquer avec leurs ancêtres.


NB : Consommer de l’Iboga sans passer par l’initiation n’a aucun effet et ne permet pas d’accéder au monde des esprits.


Cette plante est prohibée dans la plupart des pays Occidentaux car considérée comme une drogue, une plante hallucinogène. Les Occidentaux et les Africains n’ont pas la même perception du monde divin. Pour les adeptes de la tradition Bwitiste cette plante est bien plus qu’une plante hallucinogène, elle ouvre l’accès au monde invisible, là où sont les ancêtres et les génies de la nature.


Les bienfaits de cette plante

En plus de permettre un voyage spirituel vers le monde divin, cette plante agit sur les 12 centres psychiques du corps humain (chakra) et permet d’obtenir une clairvoyance, et une clairaudience.


La plante supprime la sensation de fatigue, les consommateurs peuvent rester éveillé plusieurs jours, ils sont également capables de parcourir une longue distance sans être épuisés.


C’est également un aphrodisiaque, l’iboga augmente la libido.


L’Iboga permet aussi de résoudre des problèmes psychologiques, par exemple la dépression et des problèmes éthiques.


Ces dernières années, une nouvelle forme de tourisme a vu le jour. Il s’agit du tourisme spirituel. Ce tourisme d’Occident vers l’Afrique consiste en l’arrivée d’occidentaux en Afrique notamment au Gabon pour s’y faire initier. La plupart d’entre eux sont dépendants aux drogues ou en quête d’une guérison. L’Iboga ayant des vertus thérapeutiques, elle peut donc s’avérer curative pour guérir les addictions aux drogues.


Un risque pour la santé ?

En soit consommer de l’Iboga n’est pas dangereux. Toutefois une forte dose, hors rituel, ou mélangé avec d’autres drogues, peut à posteriori être mortel. Donc lorsqu’on consomme de l’Iboga, prendre de la drogue est prohibé, et selon les traditionalistes Bwitistes la plante est “jalouse”.


L’Iboga, une plante sacrée en voie d’extinction

L’Iboga est l’or vert du Gabon. De ce fait, d’ici une vingtaine d’année il est fort probable que l’Iboga soit hors de prix. La plante, victime de son succès est menacée de disparition.

Elle est la cible de cupides forestiers qui arrachent de nombreux arbustes et exportent tous les jours illégalement du Gabon en destination de l’étranger.


En conclusion :

Le Bwiti est une tradition africaine, gabonaise qui permet aux adeptes de se connecter au monde divin et de communiquer avec les esprits qui y sont cachés. Le rite permet aux initiés de se connaitre eux-mêmes, et leur environnement donc lutter contre l’ignorance ; cela permet de créer une cohésion sociale, entre les initiés et les membres du temple initiatique.


Point pour briller en société

A noter que les réalisateurs du film américain Black Panther se sont inspirés de ce rite, Tchalla et Killmonger (Njadaka) consomment de l’herbe-cœur qui leur permet de voyager dans le monde des esprits pour communiquer avec leurs ancêtres afin que ceux-ci puissent les guider.



De plus dans le film Killmonger ordonne la destruction de l’herbe-cœur, cela pourrait être un petit clin d’œil, au risque de disparition de l’Iboga.




Sources :

· Qu’est-ce que le Bwiti ? Regard croisé sur une religion naturelle africaine. Landri Ekomie Obame

· Iboga, Les hommes du bois sacre documentaire 2016

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